En plein PET-gate, le blog Nestlé Suisse Real News n’a pas fini d’agiter les médias. Peu étonnant: à l’exception de la Voix de la Boillat, il s’agit à ma connaissance d’une première en Suisse romande où l’outil blog est utilisé par des représentants de la force de travail “contre” la voix du management.
Vendredi 14 juillet est sorti un éclairage de l’ATS, qui m’a aimablement citée et autorisée à reproduire le texte ci-dessous.
Sans lien avec la polémique, Nestlé s’intéresse aux blogs
Les directeurs de la communication rencontrent Robert Scoble
Eclairage
par Raphaël Besson, ats =
Lausanne (ats) Pur hasard, Nestlé s’intéresse aux blogs en
pleine polémique sur Nelly Wenger. Ses directeurs de la
communication commerciale viennent de rencontrer le célèbre
blogueur Robert Scoble. Il faut garder les yeux « grand ouverts »,
explique le porte-parole François Perroud.
Les responsables de Nestlé venus du monde entier ont assisté
lundi dernier aux Etats-Unis à la dernière prestation du blogueur
américain avant qu’il ne quitte Microsoft, où il travaillait comme
évangéliste technique. Star de la planète blog, il est l’auteur de
« Naked Conversations », dans lesquelles il raconte notamment son
expérience au sein du géant de l’informatique.
Obtenir du feed-back
Prévu de longue date, le séminaire sur le blog n’a rien à voir
avec l’apparition du blog anonyme sur Nestlé Suisse, sa directrice
Nelly Wenger et la controverse sur les nouveaux emballages Cailler.
Pour le numéro un mondial de l’alimentation, le blog est un moyen
supplémentaire d’avoir un feed-back du public, de savoir son
opinion sur la société, souligne le porte-parole.
« C’est une des sources qui nous permet de connaître et de juger
les réactions du consommateur ». L’autre atout du blog serait
« d’améliorer le contact » entre le public et l’entreprise, reconnaît
M. Perroud.
Dans un compte-rendu de ses discussions avec les cadres de
Nestlé, Robert Scoble critique surtout l’absence d' »âme » sur les
sites internet de ce genre d’entreprise. Pas de présence humaine
sur ces pages et impossibilité d’entrer en dialogue avec les
spécialistes du groupe, constate-t-il.
Puissance phénoménale
L’Américain souligne également l’inquiétude de ces dirigeants
devant la puissance des blogs dans la fabrication quasi instantanée
d’une image ou d’une réputation mondiales. Surtout lorsque ces
multinationales dépensent de plus en plus d’argent pour leur
publicité sans obtenir davantage d’impact.
Les entreprises suisses ne se sont pas encore emparées du
phénomène, déplore pour sa part la blogueuse lausannoise Anne
Dominique Mayor. Elles veulent toujours contrôler la communication,
avec « une manie du secret » qui bannit évidemment tout dialogue.
Aucune démarche
François Perroud rétorque que Nestlé propose de nombreux canaux
permettant aux employés mécontents ou frustrés de s’exprimer. S’il
regrette l’anonymat du blog qui prétend révéler la vérité sur
Nestlé Suisse, aucune démarche n’est entreprise contre ce blog
« tant qu’il n’y a pas de violation de prescription légale ».
« Il ne saurait en être question », précise le porte-parole. La
multinationale n’entend pas non plus saisir le Conseil de la presse
sur la reprise par des médias de ces déclarations anonymes.
Divergences de vue
« Ce n’est pas à nous de faire la loi dans les médias. Toute
rédaction doit décider elle-même », même si une telle utilisation de
propos anonymes est « hautement questionnable », selon François
Perroud. Interrogé à ce sujet, le rédacteur en chef de « 24 Heures »,
Jacques Poget, juge au contraire « tout à fait légitime » d’avoir
donné dans ses colonnes des « échantillons » de ce blog.
S’il admet que son journal ne sait pas qui se cache derrière ce
blog, il se dit lui-même « sûr » qu’il s’agit d’un employé de Nestlé
Suisse. De tels procédés ne font courir à ses yeux « aucun risque » à
la presse et à sa crédibilité, même si des cas de blogs manipulés
ont déjà défrayé la chronique aux Etats-Unis.
Confusion
Cet avis est cependant très loin de faire l’unanimité parmi ceux
qui réfléchissent à la déontologie de la presse. Il ne faut pas
confondre le travail du journaliste qui tait l’identité de ses
contacts et l’utilisation de sources dont personne ne peut garantir
l’origine, affirme un observateur averti.
Au-delà des principes, on peut aussi se demander si un groupe de
presse publierait des commentaires anonymes sur ses propres faits
et gestes. « J’en doute beaucoup », avoue-t-il.
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